Journal d'une créative en territoire rural

Jeudi 1er Janvier 2015

Mieux vaut tard que jamais! La représentation de Kaïros- Le Cube au théâtre municipal s'est bien passée et ouvre de nouvelles perspectives ou plus exactement de nouveaux fronts sur lesquels il va falloir plancher:
- la diffusion: désormais plus que convaincue d'être la dépositaire d'un super spectacle original et pro, je peux me lancer sans sourciller dans la diffusion. A la décharge des personnes chargées de le faire jusqu'à présent, j'ai dû un brin "freiner des 4 fers" et je reconnais ne pas les avoir beaucoup aidées. Néanmoins, je ne porte pas seule la responsabilité de la non diffusion de la merveille. 

- les subventions et autres soutiens, les problématiques d'identité et d'identification: je suis désormais soutenue, aidée par une bonne fée qui gère l'administratif de la Cie. Je comprends très bien qu'elle ne veuille pas s'enliser dans la diffusion et d'ailleurs je suis contente qu'elle s'empare d'autres dossiers brûlants: 
1/ Je dois rester la maître d'oeuvre et donc je ne peux pas fourguer à d'autres le travail ingrat: zut! Les gentils techniciens des institutions aiment voir l'artiste, de même pour les politiques. Et tous, ils aiment encore mieux quand ils n'ont pas à discuter avec le dit Artiste pour les détails de la paperasse. Ils préfèrent le faire avec une bonne fée. Ainsi donc cet automne, ma bonne fée et moi avons pris la voiture pour rencontrer des techniciens qui valident ou non l'instruction de nos demandes de soutien financier auprès des élus. Inutile de dire que cela coûte et ne rapporte pas ...encore! Il faut une bonne dose de distanciation, de maîtrise de soi et surtout de confiance pour ne pas se sentir telle une m..... devant ces gentils techniciens. Heureusement, certains nous reçoivent dans de vrais bureaux, dans des salons parce que ceux qui nous reçoivent dans un cagibi en nous précisant le temps imparti et nous donnant de bons conseils comme "prenez votre bâton de pèlerin pour rencontrer les programmateurs", nous détruisent le moral. Aucun n'a de solutions et ne dit vraiment que les financements étant réduits comme peau de chagrin, les aides iront aux gros, grands qui ont fait leur preuve...y a moins de risques et plus de retours sur investissements. En réalité dans ma belle région (qui va être absorbée?), et comme ailleurs, les aides viennent quand une Cie a pré-vendu sa prochaine création et qu'elle a des co-producteurs. J'aurai envie de résumer bêtement avec un "quand on n'a plus besoin de vous, on vous demande!" car le problème est que pour qu'une structure ait envie de co- produire, elle doit connaître la Cie et la connaître veut dire l'avoir programmée ou vue alors comment faire? Il n'y aurait pas le même problème pour les jeunes qui cherchent un emploi à qui on reproche de ne pas avoir d'expérience mais à qui personne ne donne de première expérience!
Evidemment je passe sur les réflexions maladroites des personnes payées pour voir des spectacles, certes pas toujours de qualité, qui voient trop de spectacles, et trouvent que le système de l’intermittence est le comble du libéralisme. J'ai envie de hurler mais en fait, je suis heureuse de mon sort de créative et oui, mes revenus sont aléatoires mais qu'il est bon d'être libre! L'éternel dilemme rejaillit: pourquoi ce parcours annuel? Parce que jouer dans un vrai théâtre c'est chouette et que les vrais théâtres n'ont plus de sous et qu'ils dépendent eux- mêmes des subventions. L'offre de spectacles est telle que l'un des critères de tri est: est- ce que la Cie est soutenue ou non? Gage de professionnalisme! pas de qualité... Difficile de motiver les techniciens, les programmateurs à se déplacer sur une seule date de qualité, à l'autre bout de la région! Heureusement, la mairie nous soutient et nous aide! Ouf!

2/ La course aux soutiens soulève d'autres questions: la plupart des Cies développent d'abord leurs créations artistiques et ne vivant pas des représentations, elles sont ensuite amenées à développer d'autres activités. Pour ma part et pour des raisons personnelles, c'est l'inverse qui s'est produit. Ainsi, l'implication sur le territoire est importante et la sensibilisation représente une part essentielle dans le financement de la Cie. Cela assure une cohérence et stabilité financières et une absence totale de dépendance. Oui mais... les techniciens trouvent cela moins vertueux car pas assez "culture", "artistique". Et nous voilà à réfléchir comment "enjoliver" ce qui devrait être considéré comme une force. Sans cesse, j'ai le sentiment de devoir justifier, et que chaque choix oppose au lieu d'ajouter. C'est le règne du "ou", "ou" alors que le "et", "et" est tellement plus riche.

3/ L'identité visuelle: communiquer est un art et il vaut mieux que le message soit simple, efficace et direct... Mes envies de touche- à- tout brouillent les pistes  (je reconnais que, parfois je m'embrouille moi- même!) et ma bonne fée met du réalisme dans mes idées. Elle rend cohérent et pertinent. Je découvre ainsi les vertus du travail en équipe même si celui- ci ne dédouane pas des responsabilités, des choix difficiles. 

Je suis passionnée et heureusement, car je gère une "pieuvre" trop grande pour moi seule mais trop petite pour que d'autres y travaillent. 
Depuis quelques jours, je me régale: je travaille sur la prochaine création et après cette course qui s’avérera probablement peu fructueuse, revenir aux fondamentaux créatifs me fait beaucoup de bien. Cela me re-connecte avec moi- même et m'ouvre des possibles! J'adooooore...


Vendredi 21 Mars 2014

A relire cette page et à voir le temps qui est passé, je me suis soit censurée, soit mon attention a été distraite!

Petit bilan de 3 ans...

Le spectacle sur lequel je travaillais est sorti, il se trouve sur la page d'à côté, Kaïros- le Cube. L'histoire d'une jeune femme enfermée dans un Cube. Celui- ci est clos de tendeurs et d'étiquettes, celles qui définissent la Dame. Si la Dame s'en satisfait au début, elle finit par essayer de s'en affranchir!

Finalement, le temps, dont je voulais TANT parler se retrouve à la place du moment décisif où les choses changent! La thématique est plus celle de l'Identité, de l'Enfermement dans ses certitudes et Habitudes. Ce moment opportun du changement se dit en grec, Kaïros. Et je me suis passionnée pour ce moment essentiel où la Dame décide ou non de changer. Cela me fait penser à un "dicton" que mon beau- père me disait " on change les choses, non pas quand on en a marre, mais quand on en a marre d'en avoir marre".

Bref, pour le contenu du spectacle , il y a l'autre page de ce blog, il y a le blog de la Cie Kaïros, http://ciekairos.blogspot.fr/
Parce que, trop contente d'avoir trouvé cette notion décisive, le Kaïros,  j'ai souhaité qu'elle apparaisse dans tout mon travail. En effet, je crois vraiment que nous, humains, vivons bien avec nos habitudes, nos certitudes qui sont nécessaires pour nous protéger et nous aider à grandir mais qui finissent par rétrécir nos champs des possibles en nous conservant dans des systèmes qui nous entravent, qui sont obsolètes mais si confortables et qui finissent par nous asservir au lieu de nous servir. Et nous pouvons tous nous en libérer en devenant Conscient et Créatif. Et le moment qui consiste à nous libérer, c'est le Kaïros! Enfin pour moi!Que les puristes s'abstiennent!

Mais j'ai sauté l'étape des répétitions, de la mise en forme et en scène du dit spectacle, dans un lieu incroyable, alliant histoire et possibles, où l'eau coule sans cesse comme voulant montrer aux humains, l'immuable, l’intemporel autant que la fugacité de leur passage et l'importance de ce qui est vécu: je cite la Minoterie de Naurouze, sur le chemin de Compostelle, au bord du Canal du Midi. Un lieu en friche où l'humilité est de mise et qui m'a appris à travailler, seule face au froid, l'humidité et surtout à me faire confiance. Les propriétaires m'ont fait confiance, je les en remercie et enfin, après un hiver 2012 rugueux, après un plaisir et un bonheur indéfinissables du projet réalisé, mon spectacle était prêt à naître aux regards des autres. Accueil chaleureux et le début d'un long processus de maturation!

Et la vie continue... Soit, essayer de vendre le spectacle qui me place dans une position jusque- là inconnue, la légitimité, la justesse... Je suis à ma place dans ce spectacle et allez comprendre, où plutôt, croyez- moi mais du coup, les choses roulent plutôt bien! Le spectacle est un peu joué et me permet d'obtenir une résidence au fameux théâtre municipal local en février 2013, le Graal! Un technicien travaille à la création des lumières, je filme pour créer teaser et clips... tout roule et...

Le moment KAIROS arrive... ou plus exactement, un nouveau Kaïros me bouleverse: en fin de résidence, une nouvelle discussion avec la programmatrice du théâtre m'ouvre les yeux. Non, je n'ai pas tout mal interprété dans les propos des techniciens institutionnels ou programmateurs mais j'entends enfin que le parcours recommandé pour obtenir des subventions ne sanctionne aucunement la valeur artistique d'une équipe mais lui donne de la crédibilité. Il n'y a aucun jugement de qualité à priori pour obtenir des subventions par contre cette "reconnaissance" est celle d'une démarche de structuration . Pour faire simple, c'est montrer que la Cie est capable de monter un dossier réaliste, cohérent , qu'il y a une réelle réflexion, un projet et que l'argent alloué ne va pas disparaître dans des poches autres que la Cie et ses projets.
Pourquoi un moment décisif? Parce que j' ai entendu ce message, que j'ai compris que demander de subventions ne sanctionnerait pas mon travail artistique, ne remettrait pas en cause ma valeur mais pouvait me permettre de structurer mon travail en y pensant de façon administrative, mettre au clair mes idées et envies pour trouver de moyens pour qu'elles se réalisent. J'y vois aussi une leçon d’opiniâtreté et de constance. (D'ailleurs, c’est un de mes super- pouvoirs (j'en parle dans un prochain article...))
Et voilà qu'à la sortie de cette discussion, je contacte celle qui devait devenir l'administratrice de la Cie qui allait être créée et depuis, les dossiers ont été constitués et déposés et une forme de reconnaissance existe.

Tout cela ne change pas radicalement le fonctionnement de l'achat des spectacles en France et de l'incapacité à la plupart des salles subventionnées de programmer de nouvelles créations, je suis d'accord! Mais tout va mieux quand on est bien dans ses baskets!

La réalité: les programmateurs de tout poil sont harcelés par des quantités phénoménales de mail et autres appels téléphoniques et que , dans ces conditions, il est aberrant, voir illusoire de penser pouvoir être programmé dans des lieux dont on ne connait pas personnellement le programmateur! Avoir les logos de département ou région peut faciliter mais je ne vois que 2 moyens de vendre son spectacle: 1/ être "co- opté" dans l'un des réseaux hyper- puissant de sa région qui vend les mêmes spectacles et compagnies un peu partout sur un même territoire, soit 2/ chercher les lieux atypiques, les réseaux non officiels, les structures qui se mettent en lien pour programmer ce qui ne passe pas dans les théâtres conventionnels. Bref! Chacun fait comme il peut! Encore faut- il trouver un chargé de diffusion ou un agent???

A suivre...


Jeudi 10 février 2011

Etre subventionnée pour exister????

En début de semaine j'ai pris ma voiture, je me suis habillée en fille et je suis allée à la rencontre des institutionnels. Que des femmes donc l'habillage en fille, je m'interroge? Enfin bref!
 
Mme Culture du Conseil Général, à qui j'évoque un travail entre artistes s'interroge tout fort: " il y a qui ? parce que dans votre coin, il n' y a pas de professionnel!"
Bon, elle avait sous les yeux une liste et c'est vrai que les pro étaient surtout du département limitrophe, autant dire qu'elle s'en fout donc! Alors là, j'ose un timide "y a moi!" La dame ne relève pas, je vois que cela glisse sur elle.
 
A ce moment du récit, je précise que mon égo n'est nullement atteint! Au contraire, dans mon triste cas, je suis déjà heureuse d'avoir réussi à me définir comme professionnelle!
 
Je continue...
 
Causette sur la pauvreté crasse du territoire sur lequel j'officie: la dame m'alerte (ce qu'elle ne sait pas c'est que je sais déjà tout, mais ça fait du bien de l'entendre quand même) si vos élus ne soutiennent pas, le CG ne peut le faire à leur place...et puis le mélange des professionnels avec les amateurs, ça brouille l'image et nos élus n'aiment pas cela!
 
Bon j'en passe, cela devrait de toute façon ressortir dans la suite!
 
Le lendemain, je rencontre la directrice de programmation du seul et unique lieu de culture du territoire. Le seul écrin qui ressemble à une salle de spectacle! Statut municipal évidemment, alors comment travailler avec ce programmateur totalement atypique local?
 
Parenthèse pour la suite: c'est important, c'est le seul lieu subventionné, en partenariat avec les asso culturelles départementales très établies et toutes puissantes qui placent les spectacles repérés! Mais la vérité, c'est que c'est cet établissement programmateur, l'OVNI! Au Conseil Général, la dame a essayé de dire que ce sont les amateurs qui font désordre mais 1/ ils sont multiples, protéiformes, nombreux et pauvres 2/ ce sont ces assos de village qui font venir des spectacles pros sans aucune aide... Donc le sacro- saint lieu culturel est une exception qui capte des moyens que les autres n'auront jamais mais qui est le seul à soi- disant exister et évidemment incarner la culture!
 
Donc la directrice de programmation, gentille, investie et passionnée mais débordée, m'explique que pour obtenir du pognon, elle doit passer par ces partenaires, grosses assos devenues référentes en la matière qui soutiennent (ou pas !) et qui refilent leurs protégés sur la région. Evidemment, c'est plus compliqué d'être dans leurs petits papiers quand on travaille en limite du territoire régional! A la capitale et autour on est plus visible...
 
Nouvelle pause! Les techniciens des institutions diront "non, non, non, si vous nous invitez , nous viendrons volontiers assister à l'une de vos représentations pour rendre compte aux élus ..." Et ils ont raison les techniciens. Avec un peu de chance ils viennent à la représentation qui se déroulent dans la salle des fêtes du coin, la mieux chauffée! Au moins ils ne se sont pas gelés les fesses et avec un peu de chance (ça finit par en faire beaucoup, non?)  ils auront un bon souvenir de nous au moment de la grande distribution des subventions! Mais de toute façon, le problème n'est pas là!  Pour ma part, quand j'ai une date, je fais mon métier, celui de répéter, de travailler et j'avoue humblement que lancer les invitations j'oublie royalement! Et oui, j'suis nulle!
 
Bon donc la programmatrice me dit qu'elle ne peut programmer que des pro! de préférence des compagnies régionales! ... j'exulte! Donc les petites comme moi et celles des copains, pro et locales, c'est pile poil, où je signe?
 
Mais elle poursuis -" les élus locaux soutiennt bien sûr (bien sûr!!!!) mais à budget constant cela devient compliqué! Soutien!? et puis nous sommes 1 plein temps et 2 postes à 80%, au final, je n'ai plus le temps de voir de spectacles, du coup je fais confiance aux partenaires ( rappelez- vous ceux qui font "l'établishement culturel").
 
C'est ainsi qu'au monde merveilleux de la culture pour Tous, sont programmées des compagnies dont personne n'a jamais entendu parler mais régionales! Qui tournent ainsi de salles en salles sans qu'il y ait trop de choix! Genre partout en France, les femmes portent la même lingerie grâce aux boutiques ETAM implantées partout! (démocratie de la lingerie pour toutes les femmes, vive l'accès à la lingerie fine pour toutes!)
 
Parenthèse: non je ne suis pas jalouse parce que je ne fais pas partie de cette grande famille...
 
Bon à partir de là, je fais court et je résume ce que j'ai tiré comme enseignement:
 
- les institutions ont une méconnaissance  totale des territoires dans lesquels les pro s'appuient sur un tissu plus ou moins fédéré d'asso d'amateurs qui les programment. En les niant et en ne les soutenant pas ils mettent en péril un équilibre précaire et remettent en cause la culture en milieu rural porté à bout de bras par les programmateurs amateurs! En balançant quelques spectacles "repérés" dans la seule salle locale, ils se donnent bonne conscience mais au finish, ce sont les petits programmateurs locaux qui incitent patiemment, dans un travail ingrat de fourmis le public à aller voir des spectales vivants et à quitter leur poste de TV.
 
- les artistes n'existent que si ils font des demandes de subvention! Je résume un peu mais la réalité est que, on nous répète sans cesse que la Culture est le parent pauvre (c'est plus que vrai! c'est dramatique!), que les artistes doivent développer d'autres moyens que les subventions pour vivre, Soit! Mais nous n'existons que si nous demandons du pognon: nous nous institutionnalisons en remplissant laborieusement des dossiers sans aucune assurance d'obtenir quoi que ce soit, nous nous mettons dans des cases pour prouver qu'on existe...
J'entends que le spectacle vivant est devenu un bien de consommation comme un autre et qu'il se vend à coup de marketing, de juste prix... je l'entends mais je rappelle à l'aimable assistance que vendre le spectacle est une chose mais qu'il y a un travail énorme avant, un investissement en temps et en argent et que les subventions peuvent aider à cela... Oui l'artiste est aussi un homme d'affaire! C'est possible mais en devenant un business- man, il colle à la demande et s'auto- censure????
Là le serpent se mord la queue: pour être "repéré" il faut faire de l'Art, une vision, une hauteur, un élan artistique avec une pensée, un truc de qualité reconnu par les élus, leurs techniciens et par l'intelligencia? un spectacle valorisant d'intelligence pour la région, un faire- valoir de haut vol... Un "produit" travaillé, fignolé, réfléchi et mûri  longuement...
Tout artiste empruntant le chemin de la subvention doit prouver la valeur de son travail! Aïe!

Le problème: l'artiste n'étant pas certain que son travail soit adoubé, essaie de vendre le "produit" hautement intelligent : scène subventionnée, MJC, salle des fêtes, assos de copains locales et amateures... Tout est possible!
Les scènes subventionnées, c'est pas facile! ben non hein, elles travaillent avec des partenaires qui recommandent des pestacles!
Les MJC et les autres, ça marche un peu mais le budget, aïe! et puis du coup on est un peu catalogué! Mais surtout, "le dit produit" n'est pas vendeur en territoire rural! Il est un peu décalé: intello, snob... Mais là, l'artiste- business- man il y a belle lurette qu'il a déposé le bilan! Inadéquation entre le marché, le  vrai et la "production"...
 
Bon, donc, le seul à pouvoir reconnaitre un artiste, c'est le public! La question est , le public a-t'il les connaissances pour voir du spectacle vivant?
C'est pas démago mais devant TF1, perd- on le sens de l'esthétique? Le marketing institutionnalisé et organisé matraque et peut- on encore avoir une pensée individuelle? Un sens critique?
 
La création artistique au centre de la préoccupation et puis jouer... et voir si on vit?! Dans tous les cas, il y a un vrai choix à faire: avec ou sans institutions!
 
Hubert Félix Thieffaine, Higelin et un tas d'autres ont prouvé su'en mouillant la chemise, en allant à la rencontre  du public, on peut tourner! Bémol: autre époque des débuts où payer au black après le show l'artiste vivotait!
Qui pourra le faire aujourd'hui? Un statut d'intermittent se gère, sans intermittence, la vie est dure!
 
Vive la vie à la campagne! La liberté des artistes est à reconquérir. Comme les nomades, les artistes sont le symbole d'une liberté de pensée. Les institutions et l'Etat ont mis en place nos carcans dans lesquels nous devenons des cases.
 
Il nous est demandé à tous de nous transformer en contorsioniste pour entrer dans leurs boîtes, et que rien ne dépasse!
 
Aïe...
 
J'étouffe...

Dimanche 6 février 2011


Petite note pour garder la trace: pas encore l'urgence mais ça monte!
 
- sur de belles feuilles cartonnées orange, j'écris le PLAN: la structure narrative! C'est trop marrant d'écrire ainsi...ou pas!
 
- je fais des étiquettes jaunes portant chacune une idée puis je les place dans la structure provisoire du spectacle! Un peu comme l'étudiant remplit les parties principales de sa dissertation avec des sous- parties et sous- sous parties!
 
- c'est pas mal car je visualise mieux. Du coup jaillissent des connections ...ou pas!
 
- tout change rapidement, ça se bouscule. C'est un sentiment étrange car je suis tout à la fois conviancue et pleine de doutes! La vraie gestation a commencé: tout m'indique que je suis sur la bonne voie! Il y a une forte résonnance entre mes idées et ce que je vis en ce moment: tout me rappelle mon thème. J'y pense en permanence. Tout est prétexte à gamberger!
 
- mais alors pourquoi des fiches cartonnées, des étiquettes?????? Parce que j'ai pas le temps!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Normalement, il y a immersion totale! Le reste du monde n'existe plus: toute mon attention est tournée vers l'écriture! et matériellement je devrai avoir le temps sauf que j'ai une réunion qui tombe par ci, par là, que je suis crevée, que l'un de mes gosses est malade, que ... ARGHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHHH!
 
- je suis honnête, ce n'est pas encore l'hystérie mais je sens clairement montée en moi le besoin implacable de m'isoler et d'écrire! Alors je combine pour le moment jusqu'à ce que le besoin soit si impérieux qu'il ne puisse être contenu!
 
- délectation intense car je sais qu'il ne pourra y avoir aucune concession! Comme un besoin vital à assouvir!
 
La musique qui m'accompagne en ce moment! le grand bonhomme qui m'a réconcilié avec mon âge! Et oui, à 70 ans c'est possible d'être un vrai jeune homme sur scène, d'être un fou magnifique et LIBRE! Merci Mr Higelin!
 

 Dimanche 30 janvier 2011

Voilà où j'en suis à ce jour et les méandres intellectuels déjà visités!

 
- travail de recherche d'après le discours d'Eve Ensler: début de travail de dégagement de grands thèmes à évoquer!
Des thèmes sont trouvés, le biais par lequel les évoquer manque!
 
- le "hasard" me met sur la route de documents évoquant le même thème! je me nourris... Des infos de plus en plus nombreuses me parviennent concernant des spectacles, des expos, festivals sur le thème du GENRE. Bon, perso, je ne l'avais pas vu ainsi mais en fait parler des questions de genre, ça le fait plus que de dire que  la prochaine création sera sur la cellule fille, sur l'être émotionnel qu'il ya en chacun de nous et qui n'a pas les coudées franches pour s'exprimer à notre époque!
 
- j'envisage de travailler par rapport aux personnages féminins de BD.
Pourquoi pas ? une idée de fil rouge... Une auteure cherche l'inspiration et évoque des personnages à partir desquels elle veut créer son personnage principal. Chaque fois qu'elle évoque un personnage référence, celui-ci apparait et questionne en laissant apparaître des facettes oubliées. Ce sont les personnages que je chosisis qui pointent mes thèmes principaux tirés du discours d'Eve Ensler!
 
- parler uniquement des femmes me posent un problème car je ne suis pas convaincue que la place des hommes (même en position plus "forte") soit enviable! Et puis, nous partageons tous l'émotionnel: y en a à qui on apprend à le refouler et d'autres qui sont critiquées pour ne pas assez le refouler...
 
- une furieuse envie de danser! travailler sur la bande son...
 
- des ingrédients stylistiques s'imposent de plus en plus à moi:
* chant ( texte à écrire) -> compos pour le spectacle
* danse: retrouver une énergie danse théâtre, recherche mais aussi comédie musicale?!
* style "cabaret", comédie musicale avec changement de costumes et succession de numéros???
* une vraie création des costumes et des lumières: inspirée du gothique/ du gothique lolita...
 
Un propos intelligent (et visiblement plutôt tiré d'une réflexion "philosophique") clarifié servit par un style "populaire" exigent.
 
- la différence de réalité entre le temps humain et le temps des machines. L'accélération et la dictature de l'urgence imposées nous rendent fous, nous déconnectent de nous- mêmes. Nous n'avons plus le temps de penser et de ressentir. Dans une société vouée à l'action, c'est l'inaction qui règne. La vitesse vieillit le monde. La procrastination bat des records et elle nous dit peut- être que ce que nous avons à faire, n'a au fond pas de sens!
Sources: article dans philosophie magasine N°46 de février 2011- Paul Virilio/ articledans Books N°19 de février 2011-De l'art de remettre à plus tard.
 
- des liens entre Eve Ensler et le temps apparaissent tranquillement... le temps de la maturation !
 

J'y pense, je triture, je construis le puzzle...

- Nous sommes tous des êtres émotionnels, hommes et femmes. Notre soufrrance est l'absence de temps pour nous consacrer à nos émotions, à ce qui fait sens en Nous. Le temps ne nous appartient plus. Connectés, médiatisés, les humains diminuent les distances et ont perdu le rythme! A réagir en temps réel, il a une conséquence paradoxale: l'immobilisme.
Ah?! l'immobilisme et la procrastination! Un lien!
 
- un titre germe... à suivre!
 

Mercredi 22 décembre 2010  

  du rebondissement...
Hier soir, je regarde un vieux film de Georges Cukor, "madame porte la culotte" et pan!!!!
 
Ah! un thème qui m'est cher! un traitement rigolo et en même temps une vraie justesse. Une ésthétique surranée qui me séduit à fond... le discours ensuite qui interroge et rebondit sur mes notes précédentes!
 
Nouvelle direction: un tribunal de la femme. La société du patriarcat accuse la femme de maux dont elle va se défendre pour aboutir à un réquisitoire demandant un monde plus "féminin"!
 
A suivre!

 Dimanche 19 décembre 2010

Quelques minutes peuvent changer une vie?

Enfin, je me suis déclarée officiellement en vacances!
Hier matin, nettoyage de la messagerie, tri et ...découverte du mail que j'ai survolé mais qui , ce jour m'interpelle.
 
Le texte de présentation n'est pas de l'amie qui me l'a adressé et un lien y est collé: je clique et découvre une vidéo à une conférence, en Inde...Quelques minutes peuvent changer une vie!
 
Quelques minutes peuvent changer une vie????
 
OUI...
 
Tant pis pour la névrose qui me ferait écrire, pourquoi je ne me fais pas confiance et ne suis pas capable de me fixer sur mes pensées, pourquoi dois- je entendre mes idées dites par une autre pour me croire?
 
Tant pis parce que , franchement ce n'est pas le thème du jour, que ça ne fait pas avancer le schmilblic et ...qu'on s'en fout!
L'important n'est pas là, cette femme, Eve Ensler dit tout ce que je porte en moi depuis si longtemps, elle dit ce qui m'anime dans la vie, elle parle de ce qui est la seule chose importante dans le vie à mes yeux!
 
J'ai toujours pensé que chaque artiste n'a finalement qu'un seul thème récurrent à sans cesse remettre sur l'ouvrage: certains parlent du couple, d'autres de l'amour, d'autres d'évolution... Il n'y a pas de petits sujets.
 
Pour ma part, je ne peux m'éloigner du thème de la vie quotidienne des femmes, de leurs places dans la société, de l'incroyable incompatibilité entre leurs aspirations et leurs vies, du diktat du patriarcat sur des femmes pas toujours conscientes de leurs pouvoirs, de la dichotomie entre Etre et Avoir, du poids de l'image, du rôle à tenir et de ce qu'elles sont profondément...
Bref, l'élan, le désir d'écrire mon spectacle se sont  réveillés: les tripes s'agitent... Tous les petits bouts glanés et collectés par-ci, par- là vont enfin trouver leurs places et s'imbriquer...
 
Le fond se précise, la forme est plus...informelle mais je sens le fourmillement salvateur!
 
* je suis étourdie par le timing : j'ai reçu ce mail il y a un mois, pas de temps pour ma création je ne le lis pas plus avant, je lâche du lest et pan! le possible d'un thème de création s'ouvre à moi! Hasard, vous avez dit hasard????
 
Quelques minutes peuvent changer une vie!
 


 

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